2 février 2012
L’histoire d’horreur d’un homme qui aurait pu mourir, mais qui est aujourd’hui en santé.
Richard Turcotte sait ce que c’est de souffrir. L’homme de 52 ans, père de deux enfants, a vu la mort de près. Effectivement, il a dû, en mai dernier, recevoir une transplantation cardiaque. L’attrape? Il a dû attendre un peu.
Le cauchemar de ce soudeur de Roberval a débuté en novembre 2010, alors qu’un médecin lui a diagnostiqué une insuffisance cardiaque grave, une maladie irréversible limitant drastiquement son espérance de vie.
Le pire dans tout cela, c’est, qu’historiquement, cette affliction est relativement récente. En effet, si l’on remonte dans le passé, la maladie était tout simplement inexistante. Ceci s’explique notamment par le fait que, bien que la pratique de la médecine ait toujours été répandue, elle était bien souvent archaïque et incohérente et ne disposait pas des outils nécessaires pour poser un tel diagnostic. Par exemple, à une époque, on croyait les démons responsables des maladies et on guérissait celles-ci en perçant un trou dans le crâne de la personne affligée en frappant sur sa tête avec une roche. Si M. Turcotte avait vécu il y a deux cent ans seulement, on aurait sans aucun doute fait découper sa peau par un barbier-chirurgien qui l’aurait saigné avec un couteau malpropre pour faire sortir la maladie de son corps. Cent ans avant cela, on aurait probablement blâmé une sorcière pour la condition médicale de l’homme et il aurait suffi de brûler vive une femme ou de la lancer dans une rivière pour tout régler. Cent ans avant cela, il n’aurait même pas eu à souffrir de cette terrible maladie, car les gens vivaient en moyenne jusqu’à l’âge 35 ans.
Heureusement pour Richard Turcotte, nous disposons aujourd’hui des technologies et du savoir-faire permettant d’extirper de sa cage thoracique le cœur d’un cadavre frais, de transporter sur des centaines de kilomètres cet organe vital dans une petite boîte réfrigérée, de fendre en deux le corps d’un autre homme afin de lui arracher l’organe responsable de sa circulation sanguine et par extension de sa vie, tout en gardant son corps en vie en le connectant à une machine faite de métal et de plastique, pour ensuite coudre le coeur mort dans cette demi-dépouille, lui permettant ensuite de vivre en ayant en lui le coeur qui battait dans le corps d’un autre humain il y a seulement quelques heures. Tout cela pendant qu’il est couché sur un lit sans en avoir conscience et ne ressent aucune douleur.
« Mais le lit n’est pas si confortable que ça », se rappelle avec difficulté M. Turcotte « et la bouffe est pas si bonne », poursuit l’homme qui a maintenant pu reprendre sa vie quotidienne comme si rien de tout cela ne s’était produit. Selon lui, l’attente dans les hôpitaux est un véritable fléau de société et il ne ménage pas ses propos envers le système de santé québécois et le premier ministre Jean Charest : « Câlisse Charest! Arrête donc de te pogner le cul hostie! Moi là, j’paye des taxes tabarnak! Ça, ça veut dire que j’ai le droit d’avoir l’hôpital gratis pis que j’suis pas supposé attendre une criss de seconde quand j’y va! ».
Le père de famille a effectivement dû attendre un peu plus de six mois avant de recevoir un nouveau coeur, un délai qu’il juge inacceptable : « J’ai pas juste ça à faire moi hostied’attendre qu’on me sauve miraculeusement la vie grâce aux merveilles de la science moderne, j’manque plein d’émissions de télé criss! » se lamente-t-il.
Pour la suite des choses, M. Turcotte n’exclut pas des poursuites judiciaires contre le gouvernement québécois et la Régie de l’assurance maladie du Québec. Il dit avoir consulté un avocat à ce sujet, mais être réticent à s’engager dans le long processus que sont souvent les batailles judiciaires : « Je l’sais pas encore. C’est sûr que si c’était juste de moi, j’mérite du cash, mais j’veux pas m’engager là-dedans si c’est pour prendre plus que deux semaines. ». Les représentants du gouvernement et de la RAMQ ont strictement refusé de commenter l’affaire.